Le calendrier grégorien

Les computistes constatèrent très tôt le décalage entre l’année civile et l’année astronomique. Le calendrier julien avait chaque année 11 minutes d’avance sur l’année solaire ; les années bissextiles ne suffisaient pas à résoudre le problème ; Pâques était célébrée de plus en plus tard. Le décalage fut tel qu’au XIIe siècle les savants se penchèrent sérieusement sur les moyens de corriger.

Plusieurs conciles abordèrent le sujet (Avignon en 1344, Constance en 1415 ou Bâle en 1434), mas ce fut le concile de Trente (tenu de 1545 à 1563) qui étudia vraiment le problème et décida la rénovation du calendrier julien.

Les papes Pie IV (1559-1565), puis Saint Pie V (1565-1572) n’eurent pas le temps d’appliquer les préconisations du concile. Il fallut attendre Grégoire XIII (1572-1585) pour entreprendre les démarches nécessaires.

Ugo Buoncompagni, né à Bologne en 1502, fut élu pape en 1572, Peu connu, sa tâche essentielle fut d’appliquer les décisions du Concile. Il mourut à Rome en 1585 et donna son nom au nouveau calendrier, encore en vigueur.

Parmi les décrets du concile, figuraient la refonte et la correction du calendrier. Le pape fit ériger une tour d’observation au Vatican (la « Tour des Vents ») et nomma une commission présidée par le cardinal Sirlet. Composée de savants, dont Ignazio Danti (mathématicien et cartographe), Christoph Clavius (jésuite allemand), un autre mathématicien, l’espagnol Pedro Chacon et le savant calabrais Antonio Lilio, cette commission se pencha sur le problème.

En 1582, l’équinoxe de printemps tomba le 11 mars (dix jours en avance sur la date prévue par le concile de Nicée, le 21 mars). Pour rétablir la correspondance, la commission proposa de retrancher dix jours à l’année 1582. Grégoire XIII approuva et proclama par la bulle « Inter gravissimus » du 25 février 1582 cette soustraction d’une dizaine de jours. La réforme entra en application le 15 octobre. Ainsi, en 1582, le lendemain du 4 octobre fut le 15 de ce même mois. Afin d’éviter la reproduction du problème, on mit fin à la dérive de l’équinoxe de printemps. Le décalage entre l’année julienne et l’année tropique étant d’environ trois jours tous les quatre cent ans, on supprima trois années séculaires bissextiles tous les quatre cent ans. Donc 1.600 fut bissextile, 1.700, 1.800 et 1.900 ne le furent pas, mais 2.000 le fut. Le nouveau calendrier prévoyait des années séculaires communes, sauf si le nombre des siècles était divisible par 400.