Après avoir connu, dans les premiers siècles du Moyen Âge (VIe – VIIIe siècles) un certain développement en Espagne, où l’élevage des ovins était florissant, l’activité drapière connut un déclin, pour renaître au cours du Xe siècle, mais plus au Nord.

Avec l’expansion démographique du XIIe siècle, et l’intensification du commerce international, à partir des années 1150, l’artisanat drapier gagna en importance et se concentra dans les villes très peuplées des comtés de Flandre (Gand, Bruges, Ypres, Dixmude, Cassel), de Hainaut (Mons, Cambrai, Tournai, Douai, Roubaix, Valenciennes, Maubeuge) et d’Artois (Arras, Saint-Omer, Montreuil, Hazebrouck, Bruay, Péronne, Saint-Quentin, Verviers). Plus tard, des villes du Brabant (Bruxelles, Malines, Louvain, Liège, Huy) virent leur activité en ce domaine grandir considérablement. Au XIIIe siècle, une « Ligue des XVII villes » se forma, pour contrebalancer l’influence de la Hanse germanique.

Au XIVe siècle, l’activité drapière gagna la Normandie (Caen, Bayeux, Saint-Lô et Rouen) et plusieurs régions d’Allemagne (Brunswick, en Saxe). La plupart des villes drapières obtinrent une charte de leur seigneur respectif, afin de pouvoir garantir leur liberté de fabriquer et de commercialiser leur production (la plus ancienne charte connue est celle de Huy, datée de 1066).

Au XVIIe siècle, soucieux de la prospérité du royaume et afin de lutter contre la concurrence des régions de l’Escaut et de la Meuse, Colbert encouragea l’artisanat et fit créer de nombreuses manufactures, souvent situées dans le Nord du royaume (Amiens, Bailleul, Orchies, mais aussi en Champagne, comme à Provins ou à Troyes).

L’industrialisation de l’activité drapière, qui se produisit au XVIIIe siècle [voir fiche no 498 « Les métiers à tisser »] déplaça les centres de production vers l’Angleterre (Bradford et Doncaster, en Yorkshire), alors qu’auparavant l’Angleterre fournissait seulement la matière première, travaillée ensuite dans les villes flamandes.

Au XIXe siècle, la France retrouva une activité drapière florissante (à Lyon, elle n’avait jamais cessé depuis le Moyen Âge), mais cette industrie se développa aussi aux États 6unis d’Amérique, ce qui accrut la concurrence sur le marché mondial.