Pour se coiffer ou se parer, les hommes ont très tôt cherché à se voir dans une surface plane, réfléchissante, capable de renvoyer leur image. Les archéologues ont retrouvé en Anatolie des miroirs primitifs, datant de 6 000 ans avant notre ère : les humains de cette époque se miraient dans des pierres polies (obsidienne généralement, qui est une sorte de verre volcanique naturel).

En Mésopotamie, 4 000 ans avant Jésus-Christ, on utilisait des miroirs métalliques et les Égyptiens, 3 000 ans avant le Christ, connaissaient les miroirs en bronze poli. Dans la Bible, Moïse se servait des miroirs des femmes et le roi Salomon a remporté une grande victoire sur ses ennemis en les éblouissant à l’aide des boucliers de ses soldats utilisés comme miroirs.

Les Romains se servaient de miroirs d’étain et de cuivre, mais aussi d’argent. Ils avaient également des miroirs de verre garnis d’une fine couche de plomb fondu. Mais leur oxydation était rapide : ils étaient alors munis d’une petite éponge pour le nettoyage et d’une pierre ponce pour les repolir.

Au Moyen Âge, les miroirs étaient sertis dans des petites boîtes à deux couvercles, les « valves de miroirs », qu’il fallait dévisser pour utiliser le miroir. La Renaissance fut l’âge d’or de la miroiterie : à Venise, les artisans miroitiers étaient regroupés sur l’île de Murano et gardèrent jalousement leurs secrets de fabrication pendant un siècle. Au xviie siècle, le royaume de France acquit une grande réputation dans ce domaine ; en 1665, la Manufacture royale des glaces de miroirs fut créée (ce fut l’ancêtre de Saint-Gobain) qui réalisa les miroirs de la Galerie des Glaces du Palais de Versailles, pour Louis XIV.

En 1835, le chimiste allemand Justus Von Liebig (1803-1873) remplaça l’alliage étain-mercure (très toxique), utilisé notamment par les miroiteries germaniques et de Bohème, par une fine couche d’argent sur une surface de verre, rendant ainsi possible la production de masse des miroirs et facilitant d’autant leur commercialisation. Désormais, chaque ménage pouvait disposer de miroirs à prix abordables. Auparavant, les paysans ne trouvaient des miroirs que chez le coiffeur.

Les fonds de miroirs, constitués d’abord de mercure, puis d’étain (d’où le nom de miroir avec ou sans tain), désormais en feuille d’argent, ont envahi notre vie quotidienne.