Le duc de Richelieu (1585-1642) fut le premier à instaurer un impôt sur la consommation du tabac, en 1621. Le pape Urbain VIII (1623-1644) interdit sa consommation en 1642, sans parvenir à freiner son expansion dans toute l’Europe. Mais ce fut en 1674 que Louis XIV (1661-1715) créa le monopole royal du tabac, initialement en faveur de Madame de Maintenon. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, la Ferme générale du Tabac ouvrit neuf manufactures, pour confectionner les cigares (puis les cigarettes).
En 1791, la culture, la transformation et la vente du tabac furent rendues libres, mais sujettes à certains droits (relativement peu élevés). En 1910, Napoléon (1804-1815) rétablit le monopole. En 1860, le tabac relevait de la Direction Générale des Manufactures de l’État, puis la loi du 7 août 1926 créa le Service d’Exploitation Industrielle des Tabacs (SEIT), qui devint la SEITA en 1935, par l’adjonction des allumettes. L’ordonnance du 7 janvier 1959 confia le monopole du tabac à la SEITA, mais, en 1999, en raison des lois européennes sur la concurrence, la SEITA fusionna avec un groupe espagnol pour devenir la société ALTADIS.
Manufactures ouvertes au XVIIe siècle :
Paris | active de 1674 à 1791 | |
Morlaix | cigares, active de 1681 à 2001 | Finistère |
Dieppe | détruite en 1942 | Seine-Maritime |
Marseille | cigarettes, active de 1681 à 1990 | Bouches-du-Rhône |
Manufactures ouvertes au XVIIIe siècle :
Le Havre |
cigarettes, active depuis 1726 |
Seine-Maritime |
Tonneins | deux manufactures Tonneins-dessus et Tonneins-dessous, propriétés privées de la famille Laperche, tous tabacs, active de 1729 à 1791 | Lot-et-Garonne |
Manufactures ouvertes ultérieurement :
Lill | cigares, active de 1811 à 1965 | Nord |
Tonneins | cigarettes, active de 1812 à 2000 | Lot-et-Garonne |
Bordeaux | cigarettes, active de 1828 à 1987 | Gironde |
Lyon | cigarettes, active de 1832 à 1987 | Rhône |
Strasbourg | cigares, active de 1849 à 2010 | Bas-Rhin |
Nantes | cigarettes, active de 1857 à 2014 | Loire-Atlantique |
Paris-Reuilly | cigarettes, active de 1857 à 1969 | Hauts-de-Seine |
Châteauroux | cigarettes, active de 1858 à 1998 | Indre |
Nice | cigarettes, active de 1863 à 1979 | Alpes Maritimes |
Nancy | cigarettes, active de 1864 à 1981 | Meurthe-et-Moselle |
Orléans | cigarettes, active de 1864 à 1982 | Loiret |
Metz | cigarettes, active de 1868 à 2010 | Moselle |
Riom | cigarettes, active de 1868 à 2016 | Puy-de-Dôme |
Le Mans | cigares, active de 1872 à 1988 | Sarthe |
Pantin | allumettes, active de 1876 à 1982 | Seine-Saint-Denis |
Dijon | tabac de troupe, active de 1877 à 1993 | Côte d’Or |
Paris Gros-Caillou |
active de 1877 à 1904 , puis siège de la SEITA et du Musée du Tabac, remplacée par Issy-les-Moulineaux |
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Périgueux | séchage du tabac, active de 1878 à 1985, puis transférée à Sarlat, de 1985 à 1998 | Dordogne |
Toulouse | cigarettes, active de 1894 à 1979 | Haute-Garonne |
Vesoul | cigarettes, active de 1898 à 1960 | Haute-Saône |
Issy-les-Moulineaux | active de 1904 à 1978 | Hauts-de-Seine |
L’apparition de la cigarette, en 1825, qui connut aussitôt un succès considérable, entraîna l’ouverture de plusieurs manufactures spécialisées dans cette production, qui supplanta rapidement les autres.
Après la défaite de 1870 et l’annexion, par l’Allemagne, de l’Alsace et de la Lorraine, il fallut compenser la perte des manufactures de Metz et de Strasbourg : une manufacture fut alors ouverte au Mans, en 1872, puis une à Pantin, dans la banlieue industrielle de Paris, pour les allumettes, et, enfin, une à Dijon, en 1877.
En 1668, le roi Louis XIV fit distribuer gratuitement du tabac à ses soldats, afin d’améliorer leur moral, surtout en cas de conflit. Cette distribution de « tabac de troupe » fut supprimée en octobre 1986.
Au xixe siècle, la production de tabac connut un essor considérable, mais, de 1926 à 1991, la consommation de tabac (de toutes sortes, essentiellement cigarettes et tabac pour pipe) a été multipliée par 10. En raison des ravages causés par le tabac (recrudescence des cancers du poumon, des bronches ou de la gorge), le Gouvernement français résolut alors de lutter contre ce fléau. Depuis lors, les campagnes pour faire baisser la consommation se sont succédé.
Si la culture du tabac ne représente, en France, que 3 170 tonnes par an (en 2022), la production de cigarettes n’y est plus présente qu’en Corse, à Furiani, où la Manufacture produit environ 850 millions d’unités par an.