Au XIXe siècle, un jeune Normand, Aristide Boucicaut (né à Bellême, Orne en 1810 et mort à Paris en 1877) a complètement révolutionné le commerce. Par ses inventions véritablement nouvelles, il a instauré de nouvelles pratiques commerciales, totalement inconnues avant lui, qui ont perduré bien après son décès.
D’abord commis chapelier dans la boutique de son père, sitôt son apprentissage terminé, il partit pour Paris en 1829 (à 19 ans) pour trouver du travail. Après avoir exercé différents métiers, en 1852 il ouvrit le tout premier « grand magasin » au monde, à l’angle de la rue de Sèvres et de la rue du Bac. Il le nomma « Au Bon Marché ».
Ce pionnier du commerce moderne innova en instituant :
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l’entrée libre,
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l’affichage des prix,
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la création de périodes dédiées à de fortes ventes (ex. : jouets en décembre),
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l’échange ou la reprise des marchandises,
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la vente par catalogue dans le monde entier (le 1er catalogue vit le jour en 1867),
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la construction et l’ouverture d’un hôtel à proximité pour héberger ses riches clients étrangers (ce fut l’hôtel Lutetia, situé en face du magasin).
En outre, il imagina des politiques commerciales inédites :
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cible principale : la clientèle féminine,
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organisation de base : « libre accès, libre toucher ».
Le succès fut tel qu’il inspira de nombreux concurrents :
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le Louvre ouvert en 1855
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le Bazar de l’Hôtel de Ville 1856
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À la Belle Jardinière 1856
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Le Printemps 1864
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la Samaritaine 1869
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les Galeries Lafayette 1894
Tous ces établissements faisant de Paris la capitale mondiale du commerce en grands magasins à la fin du XIXe siècle. Il fut suivi même à l’étranger (Harrod’s fut créé en 1849, mais le grand magasin ouvert en 1861).
L’écrivain Émile Zola (1840-1902) raconta cette aventure commerciale dans son roman intitulé « Au Bonheur des Dames », dans la série consacrée à la famille des Rougon-Macquart, publié en 1883, en transposant le nom de Boucicaut en celui d’Octave Mouret.