Les Romains comptaient les années à partir de la fondation de Rome (la célèbre formule A.U.C. = Ab Urbe Condita), en 753 avant notre ère, exprimé dans notre chronologie actuelle. Ce fut l’usage pendant des siècles, même après l’apparition d’autres méthodes chronologiques, et encore  pour les chroniqueurs et historiens sous les Mérovingiens, notamment dans les royaumes francs.

A partir de la République, on data les actes publics de l’année des Consuls. Les Fastes consulaires déterminaient à quelles années correspondaient les dates. En latin, la date se définissait à l’aide de l’ablatif absolu qui donnait le nom des consuls de l’année. Ex. : lorsque Cicéron fut consul, avec Gaius Antoninus Hybrida, on écrivait : « Marco Tullio Cicerone et Gaio Antonino Hybrida consulibus… ». On savait que l’on était dans l’année 690 Ab Urbe Condita, depuis la fondation de Rome (donc, pour nous, en 63 av. Jésus-Christ).

Le pape Jean Ier (523-535) confia à un moine, Denys le Petit, la mission d’établir un nouveau calendrier. Né vers 470, celui-ci était venu à Rome pour devenir abbé d’un monastère. Il enseigna au monastère de Vivarium, en Calabre, mais il est surtout connu pour son œuvre de canoniste (le « Dionysiana »). Toute sa vie, il se livra à de savantes études et il fut choisi par le pape pour  calculer la refonte du calendrier et établir la chronologie de l’histoire de la chrétienté.

Il proposa, en 525 de notre ère (soit en 1278 du calendrier romain Ab Urbe Condita) un nouveau calendrier : on ne compterait plus à partir de la Fondation de Rome, mais avec comme point de départ un événement majeur pour les Chrétiens, la naissance du Christ.

Denys confronta les Évangiles et les Annales romaines et conclut qu’à la mort du Christ (à 33 ans), Ponce Pilate était alors procurateur en Judée. A la naissance du Christ, le roi Hérode avait ordonné le massacre des Innocents, etc. Il calcula que l’Incarnation du Christ avait eu lieu le 25 décembre l’an 753 de la Fondation de Rome. Le jour de la Nativité (natalis dies en latin, qui a donné Noël) fut donc déclaré le début de l’année de l’Incarnation.

Pendant tout le Moyen Âge, on utilisa le calendrier julien. Un calendrier liturgique, calculé chaque année par l’Église, donnait les dates des fêtes mobiles (principalement Pâques, mais aussi Quasimodo, les Rameaux, la Pentecôte, l’Ascension, la Trinité, etc.). Dans de nombreux actes écrits, on employait des formules de datation selon ce calendrier liturgique, en fonction des fêtes célébrées. On écrivait, par exemple : « la IVe férie (mercredi) après la Nativité de la Vierge ».

Au XIIIe siècle, on rajoutait dans les documents le quantième de la lune, par souci de précision. Dans les Annales et les Chroniques (plus rarement dans les chartes) on indiquait les phénomènes astronomiques (éclipses, comètes) observés ou les phénomènes météorologiques (crues, inondations, tremblements de terre et catastrophes diverses).

Peu à peu la règle s’imposa que la date d’un document diplomatique soit l’énoncé du temps et du lieu où le document a été rédigé. Pour la législation romaine, tout acte, pour avoir une valeur, devait comporter la date de l’année et du jour. Mais, chez les Barbares, les notions de précisions et de datations devinrent insuffisantes, de sorte que les dates des documents étaient très approximatives, surtout jusqu’au IXe siècle. L’ère des premiers Capétiens vit une sensible amélioration.

A partir du XIIe siècle, la date fut placée immédiatement à la suite du texte, avant les souscriptions. Le plus souvent, elle était exprimée en une seule teneur, précédée du mot datum, ou data (qui a donné le français date), ou encore actum, factum, voire même scriptum.

Souvent les actes médiévaux comportaient une datation par année de l’indiction, avec indication des épactes, des concurrents et autres réguliers solaires et lunaires, ces systèmes complexes nécessitant de nombreuses opérations de calcul.

La datation par année du règne du souverain, apparue chez les Égyptiens fut reprise par les rois d’Angleterre, à la fin du XIe siècle, bientôt suivis par d’autres souverains, notamment dans le Saint empire romain germanique et par la Papauté.

Notre système de datation (quantième dans le mois, nom du mois, millésime) n’est apparu qu’à la fin du XIIe siècle (première utilisation connue par l’empereur Henri VI de Hohenstaufen en 1191) et ne s’est généralisé qu’au siècle suivant.

Il convient de noter que, pour la première fois, en 1171, un document, le « Rentier de Paderborn », utilisa les chiffres arabes pour indiquer la datation de l’année.

Consulter

Giry (Arthur). – Manuel de diplomatique. – Paris, Librairie Hachette, 1894. – In-8o, 944 p. Voir sur Gallica Acheter le livre