La gestion matérielle d’une paroisse impliquait que le « général de paroisse » tienne une comptabilité des recettes et des dépenses effectuées pour la vie quotidienne locale. Par conséquent, les trésoriers (élus chaque année) devaient savoir lire, écrire et surtout compter (ce qui éliminait de nombreux candidats). Les cahiers de comptes, dont la rédaction était étroitement surveillée par les représentants du pouvoir central (sénéchal et surtout procureur fiscal), devaient être conservés sur place, afin d’être constamment à la disposition des gestionnaires en exercice.
L’examen de ces cahiers de comptes laisse apparaître un grand soin porté par les membres du général de paroisse à l’entretien (et donc aux nécessaires réparations) des biens dont ils avaient la charge, mais aussi un grand désir d’embellissement permanent des édifices et des éléments de l’enclos paroissial. La rivalité entre paroisses aidant, on constate, surtout lors de la période appelée « âge d’or de la Bretagne » (XVIIe siècle), l’extraordinaire essor de la décoration (retables, peintures, sculptures, orfèvrerie religieuse) dans pratiquement toutes les paroisses, même les plus reculées et celles qui semblaient les moins riches. Les cahiers des comptes de la fabrique, tenus par les trésoriers (appelés souvent « marguilliers ») nous fournissent le prix des œuvres d’art, des réparations, grosses et petites, sur les édifices, leur construction, tout comme celui des accessoires quotidiens du culte (cierges, hosties, vêtements sacerdotaux) à diverses époques (certains comptes remontent jusqu’au XVIe siècle).
Le trésor (une caisse fermée à l’aide d’un cadenas, dont les deux seules clefs sont soigneusement conservées, l’une par le marguillier, l’autre par le recteur) est généralement entreposé en même temps que les archives de la paroisse, dans une salle spéciale. Cette « salle des archives » peut être située au-dessus du porche ou intégrée à la sacristie. Chaque paroisse choisit, après délibération du conseil de fabrique, l’endroit idéal et les mesures de sécurité à prendre pour conserver le plus possible à l’abri de toutes malversations les précieux documents (registres de baptêmes, mariages et sépultures, mais aussi les cahiers de comptes, les contrats, la correspondance) et surtout le coffre qui renferme les deniers que la fabrique a petit à petit amassés.
Les comptes de fabrique des paroisses bretonnes pour l’Ancien régime sont conservés dans la Série G des Archives départementales et dans la Série V pour la période du Concordat de 1801 à 1940.