Le terme chirographe, formé sur les racines grecques chiros = main et graphein = écrire, signifiant donc littéralement « écrit à la main », désigne un diplomatique, un acte particulier, présentant l’avantage de valider, de manière indiscutable, un contrat.
Il s’agit d’un acte établi en au moins deux exemplaires, rédigés l’un à la suite de l’autre sur une même feuille de parchemin (on en trouve même sur papier, à partir du XIIIe siècle). Les deux textes identiques sont séparés par une ligne de gros caractères, appelée « devise » (qui vient du mot « divise »).
Le parchemin support était ensuite découpé, soit en ligne droite, soit en dents de scie au niveau de la devise et chaque exemplaire était remis à chacune des parties signataires de l’acte.
Ce type d’acte présentait un avantage double pour les parties en présence qui souhaitaient contracter de manière fiable :
- chaque partie dispose d’un exemplaire ;
- seul le rapprochement des deux exemplaires permettait la lecture de la devise centrale, ce qui était une garantie d’authenticité.
Ce mode de validation des actes fut employé dès le Xe siècle. Dans la France du Sud, il commença à décliner dès le XIIIe siècle, car il fut remplacé par l’acte notarié, rédigé sur une feuille spéciale (uniquement délivrée par les notaires, qui devint le papier timbré, revêtu d’un cachet sec et donnant lieu à la perception d’une taxe, le « droit de timbre », promis à un bel avenir). Dans la France du Nord, le chirographe fut largement en usage jusqu’au XVe siècle.
La devise centrale du chrirographe variait énormément. On trouve souvent le mot CHRIROGRAPHUM ou encore CHRIROGRAPHE, mais on peut trouver d’autres mots, des lettres isolées, parfois même, mais assez rarement, un dessin ; ou les 15 premières lettres de l’alphabet, etc. Tout système astucieux destiné à éviter les contrefaçons était employé par les parties en présence.
Certains considèrent le chirographe comme l’ancêtre du carnet à souche ou des chéquiers à talon : l’élément émis est remis à son destinataire, mais la souche – ou le talon – restant auprès de l’émetteur, celui-ci détient ainsi la preuve de la transaction (ou du paiement) ; il suffit de rapprocher les deux éléments pour avoir la preuve de la validité de la transaction.