Depuis l’idée de Gutenberg d’utiliser des caractères mobiles en métal pour composer les textes à imprimer, plusieurs imprimeurs (les « maîtres typographes ») ont dessiné des lettres, en fonction de leurs goûts personnels et de la mode de leur temps.
Un jeu complet de caractères ayant les mêmes caractéristiques s’appelle une « police » (ou une « fonte »). Dans le but de garder le secret de son invention, Gutenberg dessina lui-même ses propres caractères. Mais d’autres imprimeurs créèrent très vite de nouvelles polices. Chacune porte un nom et présente un dessin de lettres spécifique. Certaines conviennent parfaitement pour imprimer des livres, tandis que d’autres sont plutôt utilisées dans la publicité et pour réaliser des affiches.
Les principaux caractères typographiques sont :
au XVe siècle :
romain | utilisé dès 1465 par Schweyheim et Pannartz dans l’atelier du monastère de Subiaco (près de Rome) ; amélioré vers 1470 par Nicolas Jenson à Venise, | |
italique | première cursive penchée connue, due à François Griffo. |
au XVIe siècle :
Garamond | alphabet créé vers 1540 par Claude Garamond (1499-1541), tailleur et fondeur de caractères, fils d’un imprimeur breton (de Morlaix), venu s’installer à Paris, | |
Estienne | Robert Estienne, fils d’Henri Estienne, mit au point un caractère d’une grande beauté, | |
Plantin | Christophe Plantin (1520-1589), tourangeau, vint s’installer à Anvers en 1549 comme relieur et imprimeur ; composa encaractères dessinés par Guillaume Le Bé, élève de Garamond. |
au XVIIe siècle :
Elzévir | du nom de la famille Elzévier, typographes et imprimeurs néerlandais d’origine brabançonne (Louvain), très actifs au XVIIe siècle à Leyde et Amsterdam. |
au XVIIIe siècle :
Caslon | William Caslon (1692-1766) créateur du caractère Caslon, très utilisé en Grande Bretagne. | |
Baskerville | John Baskerville (1706-1775), imprimeur à Birmingham et typographe, créateur de caractères, | |
Bodoni | Gianbattista Bodoni (1740-1813), graveur, imprimeur et typographe à Parme, créa des caractères très utilisés, | |
Didot | Firmin Didot (1764-1836) est le plus connu de la famille Didot, imprimeurs et éditeurs ; il fut également créateur de caractères typographiques et homme politique. |
au XXe siècle :
Gill Sans | architecte, dessinateur, sculpteur, graveur sur bois et sur pierre, l’Anglais Eric Gill (1882-1940) conçut un caractère qui porte son nom, le Gill Sans (pour « sans empattement »), | |
Times | police de caractères, dessinée par Victor Lardent, sous la direction de Stanley Morison, apparue en 1932 dans le journal londonien « The Times », | |
Palatino | créé en 1949 par l’Allemand Hermann Zapi en s’inspirant de l’écriture de Giovannibattista Palatino, calligraphe calabrais qui travaillait à Rome dans la première moitié du XVe siècle ; Zapi dessina d’autres caractères avec un grand succès : Melior, Optima, etc. | |
Helvetica | caractère sans empattement (ou « linéale ») créé en 1957 par le Suisse Max Miedinger ; a connu un succès extraordinaire dans le monde entier. |
En France, parut un traité de l’art et de la science des proportions des lettres, intitulé « Le Champfleury », écrit par Geoffroy Tory (dont Claude Garamond fut un des élèves), premier ouvrage relatif à la calligraphie.
Il existe actuellement des centaines de polices de caractères différents, utilisés quotidiennement dans l’imprimerie et les industries graphiques.
Le présent ouvrage a été réalisé en caractères «Libre Baskerville», corps 17.