Maladie infectieuse chronique, la lèpre est due à un bacille, identifié par le Norvégien Hansen en 1873. Elle touche le plus souvent la peau, les nerfs périphériques, la muqueuse des voies respiratoires supérieures et les yeux. Relativement peu contagieuse, elle provoque des infirmités sévères et resta longtemps incurable et mutilante. De nos jours, on la soigne à l’aide d’antibiotiques. Mais, pendant longtemps, l’exclusion systématique et le regroupement des lépreux dans des « léproseries » (ou « maladreries ») furent les seules réponses de la médecine à cette maladie. Endémique dans les pays tropicaux (notamment en Asie), elle se répandit très tôt dans le monde entier. L’esclavage, pratiqué aux XVIIe et XVIIIe siècles, l’importa dans les Caraïbes et en Amérique. La lèpre était très répandue dans l’Europe occidentale au Moyen Âge.
Mentionnée dans la Bible (Lévitique, Chapitres XIII et XIV), où elle apparaît comme une maladie spirituelle touchant les « impurs », avec des stigmates corporels affectant ceux qui ont calomnié ou diffamé, elle sévit également en Égypte et en Inde. Elle est décrite 600 ans avant Jésus-Christ. La première exclusion connue est évoquée à Babylone, dans le Code Hammourabi.
Aux XIIe et XIIIe siècles en France, l’Église organisa le traitement des lépreux. Ils devaient habiter à l’écart, dans des « caquineries » (on les appelle également « cacous » ou « caquins », « caqueux » en Bretagne). On construisit alors de grands établissements (souvent nommés « léproseries ») capables d’abriter plusieurs centaines de malades, toujours à l’écart des villes.
Un véritable cérémonial avait cours, le jour de l’exclusion officielle du lépreux. On partait en procession jusqu’au cimetière, où le malade entrait dans une tombe, se mettait à genoux. Le prêtre lui jetait trois fois de la terre sur la tête en prononçant la formule rituelle : « Mon ami, tu es mort au monde ». Puis on le conduisait jusqu’à la léproserie et on lui remettait un attirail destiné à le faire reconnaître de tous : une tunique (manteau), une robe grise (ou noire ou écarlate), un chapeau noir, une crécelle (ou cliquette) qu’il devait agiter tous les 2 pas afin d’avertir de son passage (une corne, en Allemagne) et un nécessaire de survie (gobelet, panetière, cuillère, baril et couteau). On lui lisait alors les « défenses » (interdictions et règles de sa vie quotidienne).
En Bretagne, les « caqueux » devaient exercer le métier de « cordier » et ne toucher (avec des gants) que les fils de chanvre.