Dès l’Antiquité, la transmission des messages a été prise en compte par les diverses civilisations. Pendant longtemps, on s’est contenté de signaux optiques constitués par des feux (ou des fumées de différentes couleurs) placés sur des hauteurs naturelles ou des tours, bâties par les humains.
Au Moyen Âge, des messagers, le plus souvent à cheval, mais aussi sur des navires, transmettaient les messages des dirigeants à leurs troupes ou des commerçants entre eux, mais les aléas étaient nombreux (dangers des routes, fiabilité des messagers, difficultés de circulation, etc.).
En France, pendant les guerres de la Révolution, le problème devint crucial : le Comité de Salut Public désirait connaître au plus tôt la situation sur les champs de bataille, de façon à pouvoir réagir au plus vite.
L’ingénieur Claude Chappe (1763-1805) proposa à la Convention un système original de sémaphore (transmission de signaux optiques constitués par des bras articulés), qui fut adopté. En 1793, une première ligne fut installée entre Paris et Lille, pour relier l’Armée du Nord au gouvernement. En août 1794, les premiers messages furent transmis, annonçant à Paris la prise du Quesnoy et de Condé. Il fut alors décidé d’étendre le réseau. Après Paris-Lille (1794), Strasbourg fut reliée en 1798, puis Brest en 1799 (sur le trajet, on comptait 58 tours). En 1844, la France comptait 534 tours reliant les grandes villes, soit un réseau d’environ 5000 kilomètres. Mais, en 1845, la première ligne de télégraphe électrique fut installée entre Paris et Rouen, ce qui sonnait la fin du télégraphe optique. Quelques années plus tard, le réseau fut abandonné.
Fonctionnement
Ce moyen de communication visuel est constitué de mâts installés sur des tours (espacées d’environ 10 à 15 kilomètres), visibles avec des jumelles par les voisines. Ces tours, situées sur des hauteurs ou des éminences, comprennent une salle de repos en bas, puis une salle de travail à l’étage et enfin une plateforme sur laquelle est installé le dispositif. Le mât (haut de 7 mètres) possède un bras principal (le “régulateur”, 4,60 m x 0,35 m) et deux bras mobiles (les “indicateurs”, 2 m x 30 m), tous de couleur noire et articulés. Le mécanisme est situé dans la salle de travail et les articulations commandées par un système de câbles. Un code régit la position des bras pour signifier des lettres ou des chiffres. Deux factionnaires (généralement des militaires réformés ou invalides) se relayent pour faire fonctionner le mécanisme et observer les messages venus des tours voisines. Quelques minutes suffisent pour transmettre un message.