Le 12 octobre 1492, Christophe Colomb eut le premier contact avec une herbe séchée fumée par les indigènes, qui fut appelée bien plus tard le tabac. En explorant le Nouveau Monde, les Européens (Espagnols, Portugais, Anglais, Français et Bataves) furent surpris de rencontrer des indigènes en train d’inhaler des fumées provenant de la lente combustion de feuilles séchées.
Des voyageurs audacieux ramenèrent cette plante en Europe. En Angleterre, Sir Walter Raleigh (1552-1618) introduisit le tabac vers la fin du XVIe siècle. Aux Pays-Bas, ce fut le frison Peter Stuyvesant (1610-1672) et, en France, André Thévet (1516-1592) planta des pieds de tabac rapportés du Brésil dans sa ville natale, Angoulême. En 1560, Jean Nicot (1536-1604), ambassadeur du roi de France François II (1559-1560) au Portugal, signala les vertus médicinales des herbes venues des Amériques.
Le tabac connut vite un vif succès, au point que le duc de Richelieu (1585-1642) eut l’idée de le taxer, en 1621. Considérant sa consommation comme un vice, le pape VIII (1623-1644) l’interdit. Poussé par Colbert qui voyait là une source importante de revenus pour l’État, Louis XIV (1661-1715) créa en 1674 le « privilège de la culture et de la vente du tabac » qui accordait (à Madame de Maintenon à l’origine) le monopole lucratif de la vente. En France, on disait « l’herbe à Nicot » pour désigner toutes sortes de tabac.
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, c’était surtout le tabac à mâcher (« la chique ») que l’on consommait. Certains préféraient le tabac à priser et, de fait, assez peu utilisaient le tabac à fumer et, à cette époque, on fumait essentiellement à l’aide d’une pipe, certaines pipes (en bois, en porcelaine, en terre cuite ou autre matière) étant de véritables œuvres d’art. L’apparition, en Espagne, en 1825, de la cigarette, allait bouleverser les habitudes de consommation : en quelques décennies, la cigarette envahit tous les foyers et il devint de bon ton d’avoir une cigarette à la bouche, dans toutes les classes de la société (certains utilisant des « fume-cigarettes » en métal ou en ivoire).
En 1809, Louis-Nicolas Vauquelin (1763-1829), professeur de Chimie à l’École de Médecine de Paris, isola un principe actif, qu’il nomma la « Nicotine », en l’honneur de Jean Nicot. En France, les « bureaux de tabac » (officines de débit), souvent attribués à des veuves de militaires, sont signalés par une enseigne constituée de deux cônes rouges accolés l’un à l’autre par le bas.