Gratien était un moine vivant au XIIe siècle, dont la biographie est mal connue. Il serait toscan, mais certaines sources disent qu’il serait né en Ombrie. Certains le disent moine camaldule (ordre fondé en 1012 par Saint Romuald de Ravenne à Camaldoli, dans la haute vallée de l’Arno, en Toscane), d’autres bénédictin. Il aurait enseigné le droit dans son monastère des Saints Nabor-et-Félix (à Lodi, en Lombardie) et aurait acquis une compétence indiscutable en matière de droit canon (ce mot provient du latin canonus, i signifiant livre de justice, qui proviendrait du grec kanon, = règle et désigne tout ce qui régit la vie ecclésiastique). Gratien serait mort peu avant le 3e concile du Latran (1179), où l’absence du « Maître » fut vivement regrettée, peut-être à Bologne où on lui a érigé un monument.
Il dirigea une équipe de juristes pour réaliser un travail monumental de compilation de 3800 textes sous le titre de « Concordia discordiarum omnium jurum canonicorum » (en français = Concordance des discordances de tous les droits canoniques), dénommé communément Décret de Gratien. Cet ouvrage, publié vers 1145, en trois parties, reprend des textes antérieurs :
- les canons apocryphes des apôtres,
- les décisions des conciles depuis le IVe siècle jusqu’à Latran II (1139),
- les décrétales des papes depuis Damase (366-384) jusqu’à Innocent II (1130-1143),
- les statuts épiscopaux,
- des pénitentiels,
- des livres liturgiques,
- des écrits patristiques,
- des lois romaines et franques.
Ce « corpus juridique », qui devint très vite le fondement du droit ecclésiastique pour les siècles suivants abordait tous les grands thèmes comme
les définitions des notions de base, les sources du droit canon, les clercs puis les évêques (dans une première partie, constituée de 101 « Distinctions »), puis la simonie, la nomination et la récusation des prêtres et des évêques, les revenus des clercs, leurs droits et devoirs, les conditions d’accès à la prêtrise, la gestion du temporel, la consécration des lieux de culte, la célébration de la messe, les fêtes, les baptêmes, les sacrements, le jeune et bien d’autres.
Le code de Gratien resta en vigueur, à quelques petites modifications près, jusqu’à la promulgation du Code de droit canonique, en 1917.