Le chanvre est probablement une des premières plantes à avoir été domestiquée par l’homme, au Néolithique. Des archéologues ont retrouvé des fibres, en Chine, datant de 8,000 ans avant Jésus-Christ.

En raison de la solidité de ses fibres, le chanvre a été exploité par de nombreuses civilisations. En Égypte antique, plusieurs inscriptions en décrivent les usages. Le médecin et botaniste grec Dioscordès (20-90 ap. J.-C.) le décrit et loue ses qualités dans son traité intitulé « De Materia medica ».

Les Romains introduisirent sa culture en Gaule, au IIe siècle de notre ère, en même temps que le seigle et la vesce. Charlemagne (768-814) encouragea fortement sa culture et son exploitation, en raison de ses multiples usages : vêtements, cordages, voiles.

Au Moyen Âge, la culture du chanvre était très importante dans toute l’Europe occidentale. L’abbesse Hildegarde de Bingen (1098-1179) en faisait cultiver dans le jardin de son couvent et vantait ses vertus médicinales (venues s’ajouter aux usages utilitaires) : le chanvre soulagerait les douleurs d’estomac et faciliterait la guérison de certaines pathologies.

Cependant, à la Renaissance, les Inquisiteurs l’assimilaient à des substances maléfiques et prétendirent qu’il servirait au sacrement du sabbat des sorcières (tout ceci pour lutter contre la sorcellerie qui se développait au XVsiècle) . Le pape Innocent VIII (1484-1492) prononça l’interdiction de la culture et de l’usage du chanvre en 1484. Le chanvre connut alors un déclin.

Au XVIIe siècle, avec le développement des marines de plusieurs grandes puissances (Angleterre, Pays-Bas, Espagne, France) les besoins en chanvre entraînèrent un renouveau de sa culture. Le chanvre était nécessaire aux cordages, câbles, échelles, haubans et aux voiles. En 1666, Colbert créa la Corderie royale de Rochefort et de nombreux arsenaux édifièrent des corderies, afin d’équiper les vaisseaux (Brest, Toulon…).

Désormais reconnu utile, voire indispensable à certaines activités, le chanvre est cultivé en quantité, même si ses usages traditionnels sont en perte de vitesse (les fibres synthétiques l’ont remplacé pour les cordages, même dans la navigation de plaisance, ou l’acier pour les câbles de la marine marchande).