A l’origine, la fête de Pâques n’était pas célébrée partout à la même date. Pour la plupart des Chrétiens d’Occident, elle avait lieu le dimanche qui suivait le 14 du mois de Nisan des Juifs, c’est-à-dire à la première pleine lune de l’équinoxe de printemps. Mais, dans la province d’Asie proconsulaire, on célébrait la résurrection du Christ le jour de la Pâques juive, soit le 14 Nisan, sans se soucier du jour de la semaine.

A partir du IIIe siècle, les Églises d’Alexandrie d’Égypte et de Rome, qui jusqu’alors suivaient les calculs des Juifs pour la détermination de la lune de Pâques, se mirent à déterminer elles-mêmes cette date. Mais les calculs des deux Églises différaient. Rome utilisait un cycle de 84 ans et Alexandrie un cycle de 19 ans.

Dans un souci d’unité de l’Église, le premier concile de Nicée (en Turquie actuelle), convoqué par l’empereur Constantin en 325, fixa la règle suivante :

« Pâques est le dimanche qui suit le 14e jour de la lune qui atteint cet âge au 21 mars ou immédiatement après. »

Mais les règles du concile ne s’imposèrent qu’avec difficultés.

Ce ne fut donc qu’en 525 (soit deux siècles après le concile de Nicée) que Denys le Petit parvint à convaincre Rome d’abandonner son cycle de 84 ans et d’adopter le cycle alexandrin de 19 ans. Conformément aux canons du concile de Nicée, l’équinoxe de printemps était fixé au 21 mars et les termes de la date de Pâques du 22 mars au 25 avril.

Denys mit au point un « tableau de Pâques », qui permet de calculer les dates des fêtes mobiles de toutes les années, passées, présentes et futures. Extrêmement commode, cet outil de calcul fut utilisé pendant des siècles par les moines (« computistes ») et les clercs de la chancellerie pontificale pour édicter ces dates dans toute la Chrétienté occidentale.

Mais il fallut attendre le VIIIe siècle et l’action efficace du moine anglo-saxon Bède le Vénérable pour que le comput romain et les tables pascales de Denys soient acceptés par les Églises des îles britanniques, puis par le reste de l’Europe.