Dans les ateliers d’écriture attenants aux abbayes médiévales, les copistes ne se contentaient pas de transcrire inlassablement les textes des auteurs anciens ou de création nouvelle. Ils ornaient les pages des livres qu’ils réalisaient de splendides lettrines et surtout de magnifiques illustrations, en rapport avec le texte, qu’ils appelaient enluminures.
Ces dessins somptueusement colorés offrent l’avantage immense de représenter, avec un réalisme et une précision extrêmes, les scènes de la vie quotidienne de l’époque à laquelle ils ont été réalisés. Il s’agit ainsi d’un témoignage indispensable pour l’étude archéologique de la civilisation de l’époque considérée.
Au fil des siècles, une évolution dans les techniques picturales et dans l’art du graphisme est perceptible. Les premiers manuscrits ornés, vers le VIIIe siècle, se limitaient à des représentations florales ou des entrelacs (voir le « Livre de Kells » ou le « cartulaire de l’abbaye de Landévennec » ). Puis les scènes avec des personnages devinrent plus fréquentes et les thèmes abordés plus variés. Les modes décoratives se succédèrent : les sujets d’abord exécutés dans des médaillons polylobés, puis en pleine page, encadrés par des bandes tricolores, constituées de fleurs et de feuillages tressés.
L’usage fréquent de la grisaille et la tonalité un peu sourde des couleurs à l’origine vont se muer en un carrousel de couleurs lumineuses, parfois difficiles (sur le plan technique) à obtenir : l’or est de plus en plus souvent employé et le bleu (couleur de la Vierge) envahit les surfaces, du ciel comme des habits des personnages. L’enluminure de l’école parisienne se tailla peu à peu une réputation internationale.
Consulter
- Avril (François). – Quand la peinture était dans les livres : les manuscrits enluminés en France, 1440-1520. – Paris, Flammarion, 1993.
- De Hamel (Christopher). – Une histoire des manuscrits enluminés. – Londres, Phaldon, 1995. – In-4o, 272 p.
- Garnier (François). – Le langage de l’image au Moyen Âge : signification et symbolique. – Paris, Le Léopard d’Or, 1996. – In-4o, 263 p.