Le terme de sorcellerie désigne tout ce qui est considéré comme surnaturel. Tous ceux qui s’y adonnent sont considérés comme ayant passé un pacte avec le diable, afin d’opérer des maléfices et de réaliser des actions incompréhensibles pour les hommes. Les diverses religions ont souvent attribué ce rôle malfaisant aux femmes (le mythe d’Adam et Eve, par exemple, Eve ayant fait un pacte avec le serpent, agent du mal).
Les Grecs connaissaient les « Bacchanales » (célébrations du dieu du vin et de l’ivresse, Bacchus) et les Romains, dans les années 186 avant Jésus-Christ, vénéraient les magiciens, avec une prêtresse du nom de Paulla Annia. En fait, l’Église, dès les débuts du Christianisme, souhaitait éradiquer les pratiques antérieures des peuples païens et accusa ceux qui s’y adonnaient de toutes sortes de maux (magie, enchantement, envoûtement – fabrication de poupées en argile à l’effigie des victimes pour les torturer). Les accusations de nécromanie (commerce avec les morts pour obtenir des révélations), de voler dans les airs, de tourmenter l’esprit des victimes, de renier Jésus et ses sacrements, de participer au sabbat (avec des rites diaboliques, voire des messes sataniques), de vénérer le « prince des ténèbres » étaient fréquentes. L’Église tenta de substituer à ces pratiques, considérées comme malfaisantes et contraires à la vraie foi, le culte des reliques des saints.
En 1487, le dominicain Henri Institoris, aidé de Jacques Spenger publia à Strasbourg un traité intitulé « Melleus Maleficarum » qui eut un grand retentissement et à la suite duquel les procès en sorcellerie se multiplièrent, pour atteindre leur apogée entre 1550 et 1650 (en France). Les arguments de ce traité furent utilisés dans les « chasses aux sorcières » qui devinrent fréquentes à partir du xve siècle.
Dès lors, les ouvrages sur la question devinrent de plus en plus nombreux, tels celui de Jean Bodin (1529-1596), jurisconsulte, qui publia, en 1580, un livre intitulé « De la Démonomanie des sorciers », très utilisé par les Inquisiteurs, alors que les ouvrages d’opposants aux accusations de sorcellerie étaient encore rares. Ce ne fut qu’au XVIIIe siècle que les esprits éclairés finirent pas considérer comme affabulations les soupçons de sorcellerie. Pourtant, dès 1672, Louis XIV (1661-1715) rappela aux officiers royaux l’interdiction de débattre sur des questions de sorcellerie, ces sujets étant réservés aux seuls gens d’Église.