Parmi les poissons les plus consommés dans le monde occidental, la morue figure en première ligne. Les bancs de l’Atlantique Nord ont été exploités depuis le Moyen Âge, que se soit le long des côtes européennes (réchauffées par le Gulf Stream, en Mer du Nord et dans les eaux de la côte norvégienne) ou au large des côtes américaines (alimentées en plancton – nourriture des morues – par le courant du Labrador).

En Europe, le pôle principal de pêche à la morue est constitué par les archipels norvégiens des îles Lofoten et Vesteraalen, en Norvège septentrionale, au Nord du Cercle polaire arctique. Dans ces eaux très riches, les pêcheurs norvégiens capturent des quantités considérables de morues. Chaque village de la côte exhibe des « séchoirs à morue », énormes claies de bois sur les rayons desquelles les poissons sont suspendus, ouverts en deux, pour sécher au soleil. La consommation de morue sèche est considérable dans les Pays scandinaves.

En ce qui concerne les eaux situées au large des côtes américaines, c’est Terre-Neuve qui constitue le centre principal. Dès le XVe siècle, des pêcheurs basques, bretons et même portugais ont fréquenté ces eaux très poissonneuses pour en rapporter dans leurs ports d’attache européens des cargaisons entières.

Les Basques des provinces du Guipuzcoa (Saint-Sébastien, Zarraus, Deva) ou de Biscaye (Bilbao), ou encore de Labourd (Bayonne, Saint-Jean-de-Luz, Biarritz, etc.) armaient des navires de moyen tonnage pour venir pêcher autour de l’île au Sable ou Terre-Neuve.

Les Bretons, partis de Paimpol, Lézardrieux ou Erquy armaient eux aussi des navires qui partaient pour « la Grande pêche », dans des campagnes de plusieurs semaines, voire de plusieurs mois, le tout dans des conditions de travail très dures, sinon précaires.

Le livre d’un ex-officier de marine, Louis-Marie Julien Vaud, sous le pseudonyme de Pierre Loti (1850-1923), intitulé « Pêcheurs d’Islande », publié en 1886, illustre parfaitement les conditions de travail de cette pêche exigeante chez les marins de Paimpol (Côtes d’Armor) et connut un important succès auprès du public auquel il révélait les réalités de la vie de marin pêcheur.