Maladie fréquente au Moyen Âge, celle que la population nomma dès le VIIIe siècle « les écrouelles » (nom scientifique : adénopathie cervicale tuberculeuse chronique) présentait une connotation symbolique. On prétendait qu’elle était un fléau envoyé par Dieu en punition des péchés, mais que le roi, de par sa personne sacrée (et ointe d’un saint chrême lors de son sacre), avait le pouvoir de guérir, de son simple toucher.
D’origine tuberculeuse, cette maladie provoquait des fistules purulentes, le plus souvent localisées au niveau du cou (elle infecte les ganglions du cou).
Selon Saint Thomas d’Aquin, Clovis (486-511) lui-même aurait eu le pouvoir de guérir les écrouelles, mais, en fait, le premier roi de France à pratiquer le « toucher des écrouelles » fut Louis VI (1108-1137). Il fut imité, en Angleterre, par Henri II Plantagenêt (1154-1189), selon un clerc de sa cour, Pierre de Blois. Mais, en fait, la première cérémonie de ce genre attestée eut lieu sous Édouard Ier, en 1276.
En France, le cérémonial mis au point au XIIe siècle (et il ne varia guère au fil des siècles) prévoyait deux gestes différents : dans un premier temps, le roi, lors de son sacre, imposait ses mains sur les pustules, puis il faisait un signe de croix ; il prononçait en même temps, la célèbre sentence : « le roi te touche, Dieu te guérit ».
Le « toucher des écrouelles », s’il était principalement pratiqué lors du sacre des rois de France, dont il constituait une étape essentielle, de par son caractère quasi-miraculeux et surtout sacré, pouvait également être organisé à l’occasion de grandes cérémonies (comme la célébration d’importantes victoires sur l’ennemi ou la fin d’une épidémie) au cours desquelles plusieurs centaines de malades pouvaient approcher le monarque.
Les chroniqueurs affirment que Louis XI (1461-1488) aurait « touché » plus de 2.000 malades, et les chiffres ne cessent de croître (et paraissent ainsi suspects) : Louis XIV (1661-1715) aurait touché 240.000 scrofuleux, Louis XV (1715-1774) environ 200.000 et Louis XVI (1774-1792) 25.000 avant sa destitution.
De nos jours, la maladie s’est raréfiée et il existe des traitements efficaces.