Bien avant l’arrivée des Romains, les peuples de la Gaule avaient développé un réseau de chemins qui couvraient l’ensemble du territoire. Ces chemins gaulois reliaient les villes entre elles et desservaient les exploitations agricoles. De nombreuses voies romaines sont d’abord des voies gauloises. Les ingénieurs romains en reprirent les tracés et, souvent, se contentèrent de les améliorer. La « Table de Peutinger » est considérée comme une véritable carte du réseau routier romain.

Au Moyen Age, les conditions de circulation se détériorèrent dans un premier temps (insécurité, dégradation des voies, instauration de nombreux péages…), puis, vers le XIe siècle, s’améliorèrent un peu avec le renouveau des échanges commerciaux. La création de nombreuses foires (notamment en Champagne au XIIe siècle) et le développement de la navigation fluviale et maritime imposèrent la nécessité d’aménager des routes plus sures et de meilleure qualité pour faciliter les transports par chariots et la circulation des voyageurs, ce qui se réalisa peu à peu à partir du XIIIe siècle.

L’œuvre de Sully

Afin de faciliter le développement économique du royaume de France, Maximilien de Béthune, baron de Rosny, duc de Sully (1560-1641) ministre du roi Henri IV (1589-1610), s’intéressa au réseau routier : il fixa le tracé des grandes routes (en les faisant complanter d’arbres à intervalles réguliers, généralement des platanes), construire des ponts, creuser des tunnels et implanter partout des relais et étapes. Il créa un réseau de malle-poste et parsema le pays de gens d’armes pour surveiller les routes et les sécuriser. Dans le but d’effectuer toutes ces tâches, Henri IV créa pour Sully, en 1599, la charge de Grand Voyer de France (responsable des routes).

Un effort sous Louis XIV

Afin de développer le commerce, Colbert, intendant des finances de Louis XIV (1661-1715), s’intéressa aux routes et créa une administration spécifique : dans chaque province, des ingénieurs étaient chargés de leur entretien, sous la direction des Intendants.

Les Ponts et Chaussées

Le corps des ingénieurs des Ponts et Chaussées fut créé, en France, en 1716. Quelques années plus tard, en 1747, l’intendant des finances Daniel-Charles Trudaine (1703-1769) créa l’École royale des Ponts et Chaussées, afin d’améliorer la formation des ingénieurs, chargés d’entretenir les routes et de faire exécuter des grands travaux sur toute l’étendue du royaume. Ceux-ci réalisèrent une œuvre considérable, malheureusement interrompue par la Révolution, au cours de laquelle le réseau, non entretenu, se dégrada rapidement. Sous Louis XV (1715-1774), l’ingénieur Pierre Trésaguet inventa les « chemins ferrés » : sur des fondations bombées, on formait une assise en moellons posés en hérisson, debout et enfoncés à la masse, recouverte d’une épaisse couche de pierraille et enfin une couche de sable.

Napoléon et les routes

En 1799, le Premier Consul Bonaparte ordonna la remise en état de 20 grandes routes. Devenu empereur, il s’intéressa essentiellement aux routes stratégiques de l’Est de la France et aux axes de pénétration en Europe. Mais il promulgua plusieurs textes législatifs organisant la classification des routes (Nationales, Départementales, Communales, Vicinales) et leur numérotation.

Sous l’Empire et les années suivantes, de grands ingénieurs (comme Gay-Lussac, Freyssinet, etc.) rétablirent la situation et dotèrent la France d’un réseau d’une très grande qualité. La France était dotée, à la fin du XIXe siècle, d’un immense réseau (plus de 37000 km) de routes reconnues d’excellente qualité et enviées du monde entier (pour sa densité et sa qualité).

Les inventions du XIXe siècle

Désormais, les routes étaient réalisées avec une assise en hérisson de pierres calibrées, serrées et compressées à l’aide d’un rouleau (le premier fut utilisé en 1836). L’invention du concasseur, en 1858, par l’américain Eli Whitney Blake, puis celle du cylindre compresseur par le français Louis Lemoine, en 1859, permirent d’améliorer sensiblement les revêtements routiers et surtout d’en accélérer la pose (auparavant réalisée manuellement par de nombreux ouvriers).

Routes en lacets en montagne

Le franchissement des montagnes fut longtemps un obstacle majeur pour la circulation des voyageurs et des marchandises pondéreuses. L’invention de la route en lacet pour effacer les reliefs (la pente du profil en long est réduite à 9 ou 10 %), au début du XIXe siècle, autorisa la création de nombreuses routes dans les régions montagneuses de la France, reliant entre elles les vallées et desservant des régions jusqu’alors restées isolées ou enclavées.

Naissance des autoroutes

Un essai sur 10 km fut réalisé en 1909 près de Berlin (2 voies séparées). En 1933, Hitler confia à Fritz Todd la charge de tracer un réseau d’autoroutes dans tout le Reich : au moment de la défaite, en 1945, l’Allemagne comptait 3800 km d’autoroutes. En France, un premier tronçon (reliant Paris à Bois d’Arcy) fut ouvert en 1962, suivi (tardivement) de tout un réseau.