Au Moyen Âge (Ve – XVe siècles), un acte tenait une grande partie de sa valeur juridique dans la présence de témoins, susceptibles de venir attester de son authenticité devant un tribunal, en cas de besoin. D’où la nécessité de prendre note des noms et qualités des personnes ayant assisté à la rédaction de l’acte (tout au moins à l’énoncé de son contenu). L’énumération de tous les présents, à la fin du texte, permettait de fournir des gages de véracité au destinataire du document (et fournit aux historiens de nombreuses informations).
Peu à peu, les grandes chancelleries (pontificale, impériale et royales de tous pays) ont codifié et mis au point des règles de préséance pour ces listes de témoins, qu’il convenait de ranger dans un ordre à la fois indiscutable et précis.
Pour les actes des souverains, ordre décroissant d’importance :
- membres de la famille royale,
- ecclésiastiques (en ordre décroissant : pape, cardinaux, archevêques, évêques, abbés et pères supérieurs, chanoines, chapelains, curés, autres),
- nobles (en ordre décroissant : ducs, marquis, comtes, vicomtes, barons, vidames, seigneurs, juveigneurs),
- officiers seigneuriaux (connétables, maréchal, chambellan, chancelier),
- autres (simples bourgeois ou commerçants importants).
Sur le plan de la diplomatique, l’analyse détaillée des présents à la rédaction d’un acte, à une date précise (celle donnée par le document) fournit des éléments de critique de l’authenticité du document (même un bon faussaire peut commettre des erreurs chronologiques en ce qui concerne la possibilité, pour un témoin cité, d’avoir pu réellement assister à la réalisation de l’acte en question).
D’autre part, ces listes de témoins apportent aux historiens d’utiles informations sur l’existence de personnages (qui n’apparaîtraient pas obligatoirement dans d’autres documents) historiques, parfois de second plan, mais qui ont entouré tel ou tel puissant souverain ou seigneur ; on peut ainsi dresser des listes de dignitaires ecclésiastiques, de seigneurs et de leurs successeurs, d’officiers royaux ou seigneuriaux, etc.
Dans les actes des XIe et XIIe siècles, on voit des enfants auxquels on a donné un soufflet ou tiré les oreilles, ou encore donné un baiser ou des cadeaux pour qu’ils se souviennent de l’acte auquel ils ont assisté.
Les témoins sont parfois appelés « garants » ou « pleiges ».