L’étude des toponymes d’une région donnée (quelle que soit sa taille) fournit de précieuses indications dans de nombreux domaines.

Informations sur le peuplement :

  • la fréquence des micro-toponymes renseigne sur la densité de population

  • la langue du toponyme renseigne sur ceux qui l’ont forgé

  • fréquente indication de l’identité du propriétaire initial. Ex :

    • Hérouville (Calvados) : l’exploitation agricole d’un nommé Hérou.

    • Châteauroux (Indre) : le château du seigneur Raoul.

    • Villebichot (Côte d’Or) : exploitation agricole du nommé Bichot.

  • indication d’une activité humaine. Ex :

    • Forges-la-Forêt (Eure)

    • Villedieu-les-Poeles (Manche)

    • Arnac-la-Poste (Haute-Vienne)

Informations sur les liens sociaux :

  • indications sur les mouvances. Ex :

    • Pont-l’Abbé (appartenait à l’abbaye des Carmes)

    • Pont-l’Evêque (appartenait à l’évêque de Lisieux)

    • Bar-le-Duc (appartenait au duc de Lorraine)

    • Bourg-la-Reine (appartenait à la reine de France)

Informations sur l’agriculture :

  • renseigne sur l’utilisation des parcelles

  • un pré, une lande, une friche, une terre cultivable n’auront pas la même appellation (et ce, dans toutes les langues). Ex :

    • Le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis)

    • La Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine)

    • Les Essarts-le-Roi (Yvelines)

Informations sur la géographie :

  • sur le paysage

    • accidents géographiques. Ex :

      • Montbrun (Lot)

      • Roc’h Cavec (= rocher creux, en breton)

      • Bougival (Yvelines)

  • sur les formes et accidents de terrain (géomorphologie)

      • Falaise (Calvados)

      • Rivehaute (Pyrénées atlantiques)

      • La Roche Noire (Puy-de-Dôme)

  • sur les constructions et bâtiments. Ex :

    • Savigny-le-Temple (Seine-et-Marne)

    • Charenton-le-Pont (Val-de-Marne)

    • Le Ponthou (Finistère)

    • Saint-Maur-les-Fossés (Val-de-Marne)

    • Mur-de-Barrez (Cantal)

  • sur la végétation

    • Milly-la-Forêt (Essonne)

    • La-Forêst-Landerneau (Finistère)

    • Fougères (Ille-et-Vilaine)

    • Le Chesnay (Yvelines)

  • sur l’hydrologie

    • Eaubonne (Val d’Oise)

Informations linguistiques :

  • sur les langues régionales. Ex :

    • Altkirch (Haut-Rhin) alsacien

    • Ballersdorf (Bas-Rhin) —

    • Bassussarry (Pyrénées atlantiques basque

    • Esterençuby (Pyrénées atlantiques —

    • Lannilis (Finistère) breton

    • Plounévez-Lochrist (Finistère) —

    • Bocognano (Corse du Sud) corse

    • Montegrosse (Haute-Corse) —

  • sur les langues étrangères

    • Ex : Langley (Vosges)

Le pays précurseur en matière de toponymie et d’étude scientifique des noms de lieux est l’Allemagne, dont les savants se penchèrent sur la question dès le début du XIXe siècle.

Afin d’imiter l’Allemagne, en France, le Comité des Travaux Historiques et Scientifiques lança, en 1860, un vaste projet de recherches et de publication de dictionnaires toponymiques, par département. Le travail était immense et n’est pas encore terminé à ce jour.

À titre d’exemple, on peut citer, pour la Bretagne :

Rosenzweig (Louis Théophile). – Dictionnaire topographique du département du Morbihan, comprenant les noms de lieu anciens et modernes. – Vannes, Société Polymathique du Morbihan, 1870. – In-4o, 250 p.