Comme toutes les langues, le latin a évolué, en raison des multiples influences qu’il a subi lors des contacts avec de nombreux peuples, notamment germaniques (surtout à partir du IIIe siècle de notre ère).
L’écrivain romain Marcus Tenrentius Varro (Varron, 116-27 avant Jésus Christ) considérait que, dans toute langue, il convient de distinguer l’analogia et la consuetudo (la règle et l’usage). Il en est ainsi du latin comme des autres langages. Si la majorité des citoyens de l’empire romain connaissait les mots exacts, c’était plutôt des mots différents qui étaient employés dans le langage courant de la vie quotidienne.
Ainsi, pour désigner un cheval, chacun connaissait le mot equus (qui a donné équidé, équitation, etc.) mais préférait utiliser le terme caballus (qui a donné cheval). Au Moyen Âge, de nombreux mots, empruntés aux idiomes germaniques (parlés par les mercenaires qui furent recrutés pour compléter les rangs de l’armée romaine, à l’époque du Bas Empire)se substituèrent peu à peu au vocabulaire du latin classique.
On peut citer de très nombreux exemples :
boucher = lanio (latin classique) macellarius (latin médiéval ; qui a donné maselier en vieux français, remplacé au XIIe siècle par dérision par boucher – qui vend de la viande de bouc ; voir macello, en italien).
boulanger = pistor (latin classique, a donné pesteur en vieux français, remplacé par boulanger – qui vend des boules de pain, au XIIe siècle).
étoffe = textura (latin classique) drappus ou drapum (latin médiéval, emprunté au gaulois ; au Moyen Âge un drapier vendait des tissus).
Pour se retrouver dans le vocabulaire du latin médiéval, un savant français, Charles du Fresne du Cange (1610-1688), appelé par tous Du Cange, publia, à Paris, de 1683 à 1687, un Glossarium mediae et infimae latinitatis (Glossaire de la moyenne et basse latinité), en 6 gros volumes, fort commode et utilisé depuis par tous ceux qui s’intéressent au latin médiéval.
Consulter :
Collart (Jean). – Histoire de la langue latine. – Paris, Presses Universitaires de France, 1967. – In-8o, 128 p. (Collection « Que Sais-Je ? », no 1281).
Herman (Joseph). – Le latin vulgaire. – Paris, Presses Universitaires de France, 1967. – In-8o, 128, p. (Collection « Que Sais-Je ? », no 1247).