Au XIIe siècle, on assiste, en France à une renaissance des lettres latines. Parmi les auteurs de l’Antiquité, Ovide connut alors un faveur particulière. Au début du XIIe siècle, Albéric de Pisançon écrivit un Alexandre, qui fut remanié vers 1150 pour devenir le Roman d’Alexandre. Vers 1165, Benoît de Sainte-Maure composa le Roman de Troie en 30 000 octosyllabes. Parallèlement à cette influence des écrivains latins, une influence bretonne apparut, comme dans les poèmes de Marie de France (fille du roi Louis VII et d’Aliénor d’Aquitaine), qui écrivit le Roman de Tristan. Enfin, l’influence provençale se fit également sentir, qui fournit des thèmes poétiques et des modèles de savoir-vivre.

La littérature « courtoise » correspond aux tendances de l’élite mondaine qui se dégagea, après 1150, de la société féodale, rude, austère et presque inculte. Aussi riche en possibilités d’aventures que l’univers épique, l’univers courtois comprend un certain nombre de « clichés » : de valeureux chevaliers sont confrontés avec le merveilleux féerique, où l’on trouve l’archange Gabriel et l’enchanteur Merlin. L’idéal qui anime les héros est différent de celui des romans épiques : le chevalier des chansons de geste remplissait une mission féodale et chrétienne, le chevalier courtois agit pour l’amour.

C’est le « Service d’amour », l’amour étant le thème principal de la littérature courtoise. Il se doit de rester un sentiment noble et pur, qui donne tout son prix à la vie en apportant un sens à l’activité humaine. Le chevalier a des devoirs, il doit hommage à son seigneur (comme tout vassal), mais il le doit surtout à sa dame (du latin domina, qui signifie maîtresse). L’ami est « sergent », la dame est « souveraine ». Le parfait chevalier courtois doit obéir en toutes circonstances au code du « savoir-aimer ».

Cet amour est fondé sur l’admiration réciproque. Il provoque un élan vers la perfection. Ainsi l’amour exige certaines vertus, mais en engendre d’autres. Cet amour-vertu est également un amour-religion (la dame est une véritable divinité pour son fidèle, qui la vénère et lui adresse ses prières), un amour-science (car il exige des connaissances accessibles aux seuls initiés, il y a des codes, les aveux effrontés sont interdits, etc.). Mais l’amour est récompensé, la dame finit par accepter les hommages.

Le principal roman courtois est celui de l’amour « légendaire » de Tristan et Iseut, qui connut plusieurs versions et fut repris par plusieurs auteurs.