Initialement, la noblesse était réservée aux chefs de guerre, c’est-à-dire aux compagnons du souverain. Les premiers nobles furent les grands feudataires, compagnons des rois carolingiens.

C’est la noblesse d’épée ou « d’ancienne extraction »

On parlait alors de « noblesse par possession » (d’un fief très ancien).

Les plus anciennes familles remontent au Xe siècle (Rochechouart de Mortemart, la plus ancienne), XIe (Rohan, Choiseul, Maillé, Clermont-Tonnerre, Harcourt…) et XIIe (La Rochefoucaud, Biron, Levis-Mirepoix, Villeneuve, Beaufort…). Au total, elles représentent quelques dizaines de familles, alors que l’ensemble de la noblesse comptait plusieurs milliers de familles, à la veille de la Révolution.

Généralement, ces familles descendaient d’un ancêtre qui avait participé aux Croisades, notamment la première (1097-1099).

Jusqu’à la suppression de la noblesse, en 1790, ces grandes familles de très ancienne noblesse menaient un train de vie exceptionnel. Chacun les reconnaissait à leurs armoiries et au faste de leur équipage.

Noblesse de robe :

On parlait dans ce cas de « noblesse par charges ».

L’exercice de certains offices dans l’administration royale ouvrait le droit à l’anoblissement, sous certaines conditions. Les magistrats (membres des parlements, cours des comptes, bureaux de finances, chancelleries, présidents et juges des juridictions royales), les principaux offices tels que justicier, receveur des finances, grand voyer, capitaine d’un port, pouvaient prétendre à la noblesse après trois générations d’exercice dans la fonction.

Au début du XVIIe siècle, ils durent s’acquitter d’une taxe, la paulette, instituée en 1604 par le chancelier Guillaume Paulet.

La noblesse de robe (ou de charges ou encore de fonctions) représentait de loin la majorité des familles nobles de l’Ancien Régime. Ce fut essentiellement aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècle que de nombreux serviteurs du royaume obtinrent la noblesse, pour eux et leur descendance.

Les fonctions municipales (maires, bourgmestres, échevins, prévôts des marchands, capitoules, etc.) donnaient également le droit à l’anoblissement. On parlait alors de « noblesse de cloche » (le clocher étant le symbole par excellence de la ville).

Noblesse de complaisance :

On parlait de « noblesse par lettres d’anoblissement » (lettres patentes).

Cependant, dès le XIe siècle, la noblesse pouvait être octroyée selon le bon vouloir du roi,

  • pour récompenser un exploit

  • ou en remerciement d’un service rendu

  • ou encore par simple désir royal, sans motif juridiquement valable

  • par simple favoritisme. Quelques exemples :

    • le premier anoblissement de ce type, connu à ce jour, date de 1271 : le roi Philippe III le Hardi (1270-1285) accorda la noblesse à son argentier, nommé Raoul.

    • le roi Philippe IV le Bel (1285-1314) est réputé pour avoir anobli de nombreux serviteurs, notamment son grand argentier et son barbier.

    • Louis XV (1715-1774) conféra la noblesse à sa maîtresse, Jeanne Poisson, qu’il fit « Marquise de Pompadour ».

Le roi pouvait également modifier, à sa guise, le rang d’un noble ; par exemple, d’un petit seigneur il pouvait faire un comte ou ériger un simple baron en marquis.

C’est ainsi qu’à partir du XVIe siècle, nombre de petits seigneurs furent érigés en « marquis » (ce qui les plaçait au-dessus d’un comte), afin de mécontenter les nobles, les diviser et ainsi mieux les affaiblir pour les dominer.

[voir fiche no 61 « Les marquisats de complaisance »].

Le premier exemple connu est celui de Troilus de Mesgouez (1536-1606), petit seigneur breton né à Landerneau (Finistère), qui devint page du roi Henri II (1547-1559), favori de la reine Catherine de Médicis, celle-ci intercéda en sa faveur auprès de son fils Henri III (1574-1589) qui le fit, en 1576, « Marquis de la Roche », en réunissant sous cette appellation quelques terres et seigneuries de peu d’importance (opération qui ne lui coûta peu) et le nomma « Vice-roi du Canada et des Terres Neuves ».