La perruque, coiffure de faux cheveux (qui peuvent être d’origine humaine, chevaline ou – de nos jours – synthétique) était également appelée « postiche », « faux toupet » ou encore « moumoute ». Le mot apparut en France en 1465, avec le sens de chevelure. Il provenait de l’italien parrucca, déformé en perruca, qui désignait la chevelure. Le mot perruquier apparut dans les textes en 1564 seulement.

De nombreux peuples de l’Antiquité firent un usage courant des perruques : les Égyptiens, les Assyriens et les Phéniciens en portaient et de nombreuses représentations figurées (notamment des fresques de guerriers, sur les murailles de Babylone ou de Ninive) en attestent. Les Grecs et les Romains les utilisaient au théâtre, mais aussi dans la vie quotidienne.

Les invasions des Barbares, aux Ve et VIe siècles, les firent disparaître complètement. Les peuples germaniques portaient des cheveux longs et l’absence de pilosité était considérée comme absence de virilité et de vigueur.

Cette notion perdura au Moyen Âge en Europe occidentale. La perte accidentelle de cheveux représentait un fléau, voulu par Dieu, pour la malheureuse victime. Le roi de France Philippe II Auguste (1180-1223), frappé de maladie en 1191, alors qu’il assiégeait la citadelle de Saint-Jean d’Acre, en Terre Sainte, perdit l’essentiel de ses cheveux ; à cette époque, il ne porta pas de perruque, mais choisit de se coiffer d’une sorte de bonnet, afin de dissimuler sa calvitie.

Au XVIe siècle, la mode était aux cheveux longs, en France. Pour dissimuler un manque de cheveux ou améliorer l’apparence personnelle, certaines personnes (relativement aisées, car les perruques coûtaient fort cher) firent à nouveau usage de faux cheveux. Le roi Louis XIII (1610-1643) fut le premier souverain français à en faire usage, dans les premières années de son règne, vers 1620.

Mais ce fut son successeur, Louis XIV (1661-1715) qui en lança véritablement la mode à la Cour de France. En 1673, à la suite d’une maladie qui avait entraîné une perte de cheveux, il demanda à son barbier Benoît Binet (?-1695) de lui confectionner une perruque (assez longue et bouclée). De plus, le 23 mars 1673, il promulgua un édit instituant la « Communauté des barbiers-perruquiers ». Tous les courtisans imitèrent le roi. Il se fit également peindre en tenue d’apparat et son portrait officiel, largement reproduit pour être diffusé dans le royaume, le représente avec une perruque de grandes dimensions.

En 1690, le théologien Jean-Baptiste Thiers (1636-1703) fit paraître à Paris un ouvrage intitulé « Histoire des perruques, où l’on fait voir leur origine, leur usage, leur forme, l’abus et l’irrégularité de celles des ecclésiastiques », dans lequel il fustigeait les excès constatés chez les dignitaires de l’Église. En effet, les ecclésiastiques portaient alors des perruques qui désignaient leur rang : on trouvait des perruques d’évêque, d’abbé, de curé-doyen, etc.

Les diverses catégories de perruques et leurs modes de fabrication sont détaillées dans un important article de « L’Encyclopédie » de Diderot et d’Alembert, publiée en 1751, avec force précisions.

Au XVIIIe siècle, sous la Régence (1715-1723), les perruques devinrent plus courtes et prirent une couleur grise ou blanche, On les nommait alors « perruques à la Louis XV ». Cette nouvelle mode fit fureur et gagna de nombreuses couches de la société ; non seulement les nobles et les ecclésiastiques, mais aussi les magistrats, les clercs et les officiers de l’administration royale, les militaires et de nombreux bourgeois, artisans et commerçants.

Mais, dès 1770, la mode commença à disparaître et la perruque déclina au cours du XIXe siècle, pour ne reparaître (sous des formes différentes) qu’au XXe siècle et pour des usages différents (rôles de spectacles, théâtre, cinéma, revues, carnavals… mais aussi mascarades et bals masqués). La perruque perdit alors son rôle de marqueur social et d’insigne de condition sociale.

Cependant, dans la seconde moitié du XIXe siècle et la première du siècle suivant, les paysannes (surtout bretonnes) vendaient leurs cheveux pour une poignée de sous ; coupés grossièrement, les cheveux étaient transportés par chariots jusque dans des ateliers de traitement. Une fois lavés et séchés, ces cheveux servaient à confectionner des perruques, vendues très cher dans les boutiques spécialisées des villes. Mais, toujours au XXe siècle, l’apparition des matières synthétiques mit fin à ces pratiques. Désormais, les matériaux nouveaux autorisent des couleurs et des formes les plus variées.

Il faut noter que les magistrats anglais portent encore officiellement des perruques, héritage de la tradition remontant au XVIIIe siècle, époque à laquelle tous les officiers publics européens portaient des tenues strictement codifiées, afin d’être immédiatement reconnues et d’imposer le respect.