Technique d’assainissement des sols par le feu, l’écobuage est connu et pratiqué depuis l’Antiquité. L’historien, philosophe et chef militaire grec Xénophon (vers 430-vers 355 avant Jésus-Christ), dans le chapitre XVIII de son ouvrage intitulé « L’Économique » (sous forme de dialogues socratiques) rédigé vers 350 avant notre ère, la décrit en ces termes : le chaume laissé en la terre, fertilise si on le brûle ; si on le jette sur le fumier, il augmente la masse d’engrais. Le terme écobuage est un mot du langage poitevin, issu d’un vieux mot, en usage aux XIe et XIIe siècles, gobus, qui désignait une terre pelée. Ce terme dérive lui-même du gaulois gobbo (qui signifiait « morceau »), preuve de l’ancienneté de cette pratique agricole.

La technique consistait initialement à arracher la végétation d’une parcelle et à enlever la couche superficielle de terre, l’humus. Ensuite, les feuilles, les racines et tous les résidus de l’opération étaient brûlés sur place. Puis les cendres étaient dispersées et répandues sur toute la surface de la parcelle, car on considérait qu’elles constituaient un excellent engrais. L’outil utilisé principalement pour ce faire était appelé « écobue » : c’était une sorte de lame tranchante, montée sur un court manche en bois.

Au cours du XIIe siècle, époque de grands progrès agricoles et d’essor démographique important, de grands défrichements eurent lieu dans toute l’Europe occidentale, notamment en France, en Angleterre et en Germanie, afin de gagner des terres cultivables sur la grande forêt qui recouvrait alors ces pays. La toponymie nous en a laissé de nombreuses traces. Parmi les techniques employées pour ces défrichements, l’écobuage a été l’une des plus pratiquées.

Les derniers siècles du Moyen Âge virent le déclin (relatif) de cette pratique. Cependant, elle est encore mentionnée dans les premiers ouvrages d’agronomie, notamment par Olivier de Serres qui publia, en 1600, son traité intitulé « Théâtre d’agriculture et ménage des champs ».

En 1772, le physicien, botaniste et agronome français Henri-Louis Duhamel du Monceau (1700-1782) vanta les mérites de l’écobuage.

Au XIXe siècle, la pratique de l’écobuage déclina fortement en France et faillit disparaître. Cependant, certaines régions de montagne (notamment dans les Pyrénées) en font encore usage.