Dans les premiers temps de la féodalité, les seigneurs commencèrent à édifier des fortifications destinées à abriter leur résidence, mais aussi (et surtout) à afficher leur puissance et leur domination sur les alentours.
Faute de connaissances techniques (celles de l’Antiquité ayant été oubliées au cours des siècles ayant suivi les invasions barbares dans l’empire romain), d’ouvriers capables de maîtriser les matériaux et leurs contraintes, et d’esprits instruits pour concevoir des forteresses dignes de ce nom (la profession d’architecte disparut presque complètement pendant des siècles), les premières fortifications étaient rudimentaires : des constructions en bois, situées sur une élévation en terre : les mottes féodales.
Relativement peu onéreuses car faisant usage de matériaux bon marché (le bois, que l’on trouvait généralement sur place et qui était alors abondant – les forêts couvrant alors l’essentiel du territoire et étant pratiquement restées dans leur état d’origine) et d’un travail aisé, elles étaient également rapidement édifiées (quelques mois de travail suffisaient).
Généralement constituées d’une palissade entourant une tour en bois de trois ou quatre étages, elles se dressaient sur une motte de terre faîte des matériaux issus du creusement d’un fossé circulaire ceignant le tout et constituant un obstacle supplémentaire pour un éventuel assaillant.
La motte elle-même pouvait avoir une petite dizaine de mètres de haut et la tour une douzaine de mètres. Sur la plateforme supérieure, des guetteurs pouvaient aisément surveiller les alentours et alerter en cas d’approche d’étrangers ou de personnes mal-intentionnées.
Le plus souvent, le seigneur et sa famille habitaient à l’étage principal, les domestiques et la garnison vivant à l’étage supérieur. Les vivres et munitions de réserve étaient entreposés en lieu sûr. La cour était le domaine des animaux (volailles et porcs) utiles à l’alimentation et à l’élimination des déchets.
Aux IXe et Xe siècles, l’Europe entière se couvrit de semblables mottes féodales. Une motte (et sa garnison) pouvait contrôler un territoire avoisinant d’environ une vingtaine de kilomètres carrés. Elle abritait une petite centaine de personnes (famille du seigneur, serviteurs et soldats).