Le droit ecclésiastique se nomme, depuis le Moyen Âge, droit canon Le mot provient du latin canonus, i signifiant livre de justice, qui proviendrait du grec kanon, = règle et désigne tout ce qui régit la vie ecclésiastique. Confus à l’origine car reposant sur divers textes parfois contradictoires, il a été unifié, clarifié et codifié au milieu du XIIe siècle, par un moine , dénommé Gratien, (vers 1120-1178 ou 1179) qui dirigea une équipe de juristes pour réaliser un travail monumental de compilation de 3800 textes sous le titre de « Concordia discordiarum omnium jurum canonicorum » (en français = Concordance des discordances de tous les droits canoniques), dénommé communément Décret de Gratien, achevé vers 1145.
Cet ouvrage, en trois parties, reprend des textes antérieurs :
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les canons apocryphes des apôtres,
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les décisions des conciles depuis le IVe siècle jusqu’à Latran II (1139),
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les décrétales des papes depuis Damase (366-384) jusqu’à Innocent II (1130-1143),
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des pénitentiels,
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des livres liturgiques,
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des statuts épiscopaux,
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des écrits patristiques,
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des lois romaines et franques.
Ce « corpus juridique », qui devint très vite le fondement du droit ecclésiastique pour les siècles suivants abordait tous les grands thèmes. On distingue trois grandes parties :
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les Distinctions (au nombre de 101) qui comprennent des définitions et des exposés sur les sources du droit canon, les clercs et les évêques.
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Les Causes, qui traitent de la simonie, de la nomination et de la récusation des évêques, de la gestion du temporel, des revenus des clercs, de leurs droits et devoirs et des conditions d’accès à la prêtrise.
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le De Consecratione qui aborde la consécration des lieux de culte, la célébration des offices, les fêtes, les sacrements, le jeune, la gestion du temporel et bien d’autres.
Le code rédigé par Gratien et appliqué dès les années 1180, fut enseigné dans toute la chrétienté et resta en vigueur, à quelques petites modifications près, jusqu’à la promulgation du Code de droit canonique, en 1917.