Les historiens considèrent les Mazarinades comme l’ancêtre de la presse d’opinion. Ces libelles, imprimés sur feuilles volantes, s’en prenaient violemment à la politique du cardinal Mazarin, qui gouverna le royaume de France de 1642 à 1661, alors que Louis XIV était encore trop jeune pour régner.

Devenu majeur, Louis XIV (1661-1715) se souvint de ces attaques, parfois injustifiées, contre le gouvernement et instaura, dès 1662, une censure de la presse et de l’édition. Tout ouvrage, qu’il soit périodique ou non, devait être préalablement examiné – et autorisé s’il y avait lieu – avant mise sur le marché.

Sous la Révolution, les journaux d’opinion se multiplièrent, chaque tendance politique (Jacobins, Montagnards…) cherchant à diffuser ses idées le plus largement possible. Le frein principal à cette expansion de la presse résidait dans l’analphabétisation d’une très grande partie de la population. Alors, à chaque parution, dans les débits de boissons, un lettré lisait à haute voix le journal, que toute l’assistance écoutait attentivement, tout en se livrant à force commentaires.

Au XIXe siècle, on assista à un important développement de la presse sous toutes ses formes, notamment la presse d’opinion. Chaque camp avait ses journaux et ses (fidèles) lecteurs. En 1826, fut fondé « Le Figaro », journal de droite, qui connut un immense succès et paraît encore, près de deux siècles plus tard. En 1904, le député de gauche Jean Jaurès fonda « L’Humanité », qui devint l’organe du Parti Communiste français.

Sous l’Occupation, de nombreux journaux disparurent, interdits pour cause d’opinion contraire à la doctrine officielle ou par faute de matières premières. Dès la fin de la guerre, de nouveaux journaux firent leur apparition, tels « Libération », « L’Aurore » ou encore « Ouest-France ».

Dans le Finistère, le camp des anticléricaux et celui des catholiques convaincus s’affrontaient par l’intermédiaire de la presse. Outre la Semaine religieuse, organe officiel de l’Évêché, les partisans de l’ordre catholique lisaient « L’Impartial du Finistère », publié à Quimper par l’imprimeur Arsène Le Gall de Kéringall, tandis que les Radicaux-socialistes (les « Rad-sos », comme l’on aimait à dire) et les anticléricaux de tous bords préféraient la lecture du journal « Le Finistère », édité à Quimper par l’imprimerie Ménez et financé par les magnats de la presse Bouilloux-Lafont et surtout André Bénac.